Il y a quelques années, dans le cadre d’un mandat de consultation en informatique au sein d’une firme québécoise, j’ai dû examiner le travail de plusieurs personnes en charge de l’administration des systèmes, formuler des recommandations, encadrer certains départs, participer à l’embauche de nouveaux profils et définir les responsabilités liées au poste.
Dans mon rapport final, ainsi que lors de discussions avec divers responsables et collègues, j’ai proposé l’adoption d’un code d’éthique ou de guidelines afin de mieux structurer et orienter le travail des administrateur·rice·s systèmes, comme cela se fait dans d’autres domaines. L’une des ressources que j’ai partagées en exemple est le System Administrators’ Code of Ethics, un document proposé par LOPSA, USENIX et LISA.
J’en avais rédigé une traduction en français (SageCofeOfEthics-fr.odt, SageCofeOfEthics-fr.pdf) pour faciliter les échanges (et l’affichage). J’avais aussi proposé cette version comme document officiel à ses auteur·rice·s, sans obtenir de réponse. Je la partage ici à des fins d’étude et de réflexion. Il convient de préciser qu’elle n’a pas de statut officiel, n’est pas approuvée, et que je ne suis pas l’auteur du document d’origine.
Même si le texte mériterait une mise à jour, il reste selon moi pertinent, en particulier dans un contexte où la surveillance des réseaux informatiques suscite de plus en plus de préoccupations. Avez-vous confiance en votre fournisseur d’accès Internet ? La personne responsable de vos systèmes agit-elle toujours avec professionnalisme et dans votre intérêt ? Et si vous travaillez de manière autonome, vous êtes-vous doté·e de principes ou de repères pour guider vos décisions ?
Mes mandats n’ont pas toujours été exempts d’imperfections — loin de là —, mais j’apprécie la remise en question de ma propre pratique. Relire régulièrement ce document me rappelle pourquoi j’ai choisi ce métier, et si j’ai envie de continuer à l’exercer.
Parmi les autres codes d’éthique ou de conduite que j’ai choisi d’adopter, de traduire ou qui nourrissent ma réflexion, en voici quelques-uns :
- Code d’éthique de l’AQIII, l’Association québécoise des informaticiennes et informaticiens indépendants
- Contrat social Debian
- Code de conduite Ubuntu
- Déclaration de mission de LibrePlanet (regroupement de ressources communautaires de la Free Software Foundation)
- Principes et valeurs de Koumbit
- Code de conduite de LibrePlanet
Sur mon site professionnel, je mentionne également plusieurs textes fondateurs en informatique libre (qui abordent aussi les services réseaux et la connectivité sans fil, entre autres), et j’ai consacré une section à la durabilité technologique.
Lorsqu’on adhère à un ordre professionnel, ou que l’on contribue formellement à un projet, on se conforme à des règles précises d’éthique et de pratique. Or, au Québec, toutes les personnes exerçant en informatique ne sont pas ingénieur·e·s, et vice versa :)
D’un point de vue global (et connecté), il devient essentiel de s’appuyer aussi sur des repères plus larges que les normes locales ou les standards techniques stricts. Je pense notamment à la norme ISO 26000. Cette norme (publiée en 2010) est une ligne directrice internationale qui aide les organisations à intégrer la responsabilité sociétale dans leurs pratiques.
Et vous, quels sont vos principes ou votre code de conduite ?
Fabian Rodriguez est un consultant en technologies libres et open source avec plus de 35 ans d’expérience en administration de systèmes, support technique et développement web. Il détient plusieurs certifications en informatique — notamment Linux — et est instructeur certifié Sans Trace. Fabian a collaboré avec des organisations des secteurs public et privé, couvrant les domaines médical, militaire, éducatif et financier. En tant que fondateur de Le Goût du Libre, il promeut des technologies éthiques et durables, et soutient les transitions numériques inclusives. Il est également conférencier, formateur et bénévole engagé pour la littératie numérique et la promotion du libre.